
Institute for Reporters’ Freedom and Safety (IRFS) condamne fermement les autorités azerbaïdjanaises pour l’arrestation arbitraire et politiquement motivée de Gubad Ibadoglu, spécialiste éminent de la lutte contre la corruption, et demande sa libération immédiate.
Gubad Ibadoglu, professeur d’économie et critique courageux de la kleptocratie et du népotisme, a été arrêté le 23 juillet à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, peu après son retour d’un séjour de deux ans en tant que chercheur invité à la London School of Economics au Royaume-Uni. En mai 2020, il a lancé la chaîne YouTube BİZ TV, où, avec d’autres experts, il exposait quotidiennement les problèmes socio-économiques de l’Azerbaïdjan et critiquait les problèmes liés à l’inefficacité de l’administration publique. En outre, depuis 2018, Ibadoglu est un expert de l’agence de presse indépendante Turan, contribuant à des revues analytiques mensuelles sur les problèmes de l’économie azerbaïdjanaise. Il a également joué un rôle de premier plan au sein du parti d’opposition “Azerbaijan Party of Democracy and Welfare”.
Peu avant son retour en Azerbaïdjan, Ibadoglu a créé, avec ses associés, la Fondation pour l’éducation de la jeunesse azerbaïdjanaise à Londres, qui était censée restituer les actifs volés via la corruption et les utiliser pour soutenir des initiatives civiles afin de former à l’étranger des représentants de la jeunesse azerbaïdjanaise.
“Je suis certain que c’est cette nouvelle initiative anti-corruption visant à restituer les biens que l’élite politique a volés et accumulés en Occident qui est devenue la principale raison de sa persécution pour des motifs politiques”, a déclaré Emin Huseynov, directeur exécutif de l’IRFS. “Gubad Ibadoglu, qui vit et travaille à l’étranger depuis 2015, d’abord aux États-Unis puis au Royaume-Uni, n’a cessé pendant toutes ces années de critiquer le gouvernement azerbaïdjanais pour le blanchiment illégal de plusieurs milliards d’euros par l’intermédiaire de la Danske Bank à l’étranger ; d’utiliser l’argent illégalement blanchi pour acheter des biens mobiliers et immobiliers en Occident, de corrompre des hommes politiques pour promouvoir leurs intérêts, de mettre en place des systèmes de corruption dans le cadre d’achats publics de plusieurs milliards de dollars pour les infrastructures de transport, d’industrie et d’énergie de l’Azerbaïdjan, ainsi que de manquer de transparence dans l’industrie extractive de l’Azerbaïdjan. M. Ibadoglu a critiqué à plusieurs reprises le président de l’Azerbaïdjan pour l’utilisation abusive de plus d’un milliard de dollars pour acheter des avions coûteux aux sociétés Boeing et Airbus avec les fonds publics qui ont été ensuite utilisés pour servir les intérêts personnels du président Ilham Aliyev et de son épouse, première vice-présidente de l’Azerbaïdjan, Mehriban Aliyeva. Sans l’appeler par son nom, Ilham Aliyev a tenu publiquement des propos peu flatteurs et a qualifié M. Ibadoglu de pseudo-expert. Il a clairement déclaré que tôt ou tard, il punirait de tels critiques provocateurs à l’étranger en les ramenant en Azerbaïdjan”.
“Compte tenu des circonstances de l’arrestation, on peut affirmer qu’Aliyev a tenu ses promesses”, a résumé monsieur Huseynov.
Après un examen approfondi des circonstances entourant la détention du Dr. Gubad Ibadoglu, qui comprenaient des incidents troublants de traitements violents et de conditions inhumaines, des allégations – sans fondement – d’implication dans un système de fausse monnaie en tant que membre d’un groupe organisé, de multiples violations des droits de la défense au cours de l’enquête, et une campagne de désinformation délibérée dans les médias pro-gouvernementaux liant M. Ibadoglu au prédicateur turc Fethullah Gülen (qui vit actuellement en exil aux Etats-Unis), Institute for Reporters’ Freedom and Safety(IRFS) affirme fermement que l’arrestation de Gubad Ibadoglu a été fabriquée de toutes pièces et motivée par des considérations politiques. L’intention derrière cette arrestation injuste semble être une tentative flagrante de répression politique et de réduction au silence d’un critique bien connu, qui a courageusement dénoncé la corruption au sein de l’actuelle présidence d’Ilham Aliyev.
L’IRFS estime que les actions illégales du gouvernement azerbaïdjanais à l’encontre de Gubad Ibadoglu constituent une violation flagrante de la Convention européenne des droits de l’homme. A cet égard, l’IRFS fait appel à la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe Marija Pejčinović Burić, au Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatović, au Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe Tiny Kox ainsi qu’aux co-rapporteurs de la Commission de suivi, Ian Liddell-Grainger et Lise Christoffersen, et le rapporteur de la Commission des questions juridiques de l’APCE, Hanna Bardell, pour condamner les actions répressives arbitraires du gouvernement et exiger la libération immédiate de Gubad Ibadoglu.